dimanche 11 décembre 2011

Salle du trône de l’empereur Qianglong dans la Cité Interdite

1.

Autant l’avouer tout de suite, l’exposition que le Louvre consacre aux chefs-d’œuvre du palais des empereurs chinois laisse le visiteur sur sa faim. Le parallèle entre rois de France et empereurs de Chine semble un rien capillotracté et n’aide pas à clarifier le propos, un peu trop allusif. Quant aux pièces présentées, bien que belles et méconnues, elles ne soutiennent pas toutes la comparaison avec les œuvres d’autres musées, Guimet ou Cernuschi par exemple.

Il serait malgré tout dommage de ne pas jeter un coup d’œil à quelques étranges trésors, particulièrement à la salle du trône de l’empereur Qianglong, qui clôt la partie de l’exposition située dans l’aile richelieu. Qianglong, petit-fils de Kangxi, le plus célèbre des empereurs Qing (1644-1912), règne de 1736 à 1795. Comme son père et son grand-père, il se montre friand d’innovations européennes. C’est sous son règne que le jésuite Giuseppe Castiglione atteint le sommet de son art composite, fait de perspective et de modelé européens et d’encre sur soie. Fin lettré, calligraphe et bon peintre, Qianglong n’en oublie pas pour autant d’étendre les frontières de son empire par des guerres de conquête.


2.
Assis dans la salle du trône, les regards de Qianglong se tournaient vers le sud. Dans son dos se déploie un paravent sculpté de dragons qui le protège des influences néfastes venues du nord. A l’extérieur de la Cité Interdite, la Colline de Charbon, qui s’étend au nord du palais, détenait elle aussi cette fonction. Deux éventails, insignes de distinction, encadrent le trône, flanqué de deux tables à encens où reposent des brûle-parfums en forme de dragons. Des serviteurs déposaient de l’encens dans une cavité dorsale, la fumée s’échappant de leur gueule entr’ouverte, ce qui créait autour de l’empereur une atmosphère mystérieuse.

3.
Sont aussi exposées une pierre de jade et une cloche suspendues chacune à un portique de bois sculpté et doré, le premier de motifs de phénix, le second de dragons. Cloche et pierre sont associées aux douze mois de l’année et constituaient la musique de rites qui avaient lieu en présence de l’empereur. La cloche exposée, une grosse cloche bozhong en bronze doré, est associée au premier mois de l’année. Elle a été fondue après la découverte en 1759 de modèles bien plus anciens, ce qui illustre le souci de continuité et de permanence des empereurs Qing, derniers d’une lignée de près de quatre cents empereurs.


4.

1. Trône de Qianglong, à motifs de dragons et de nuages (bois de zitan, bois de nannu et laque sculpté rouge)
2. Brûle-parfums et table à encens
3. Portique supportant une pierre de jade
4. Portique supportant une cloche bozhong


Le dessin du portique avec la pierre de jade est de Lorenzo ; les autres sont de votre serviteur, comme leur aspect bancal le suggère.

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